SLiDE
Je me sens légère, en marchant, aujourd'hui. Je me suis levée tôt, avec cette putain d'envie de profiter de la journée. Il fait beau, coup de chance, j'ai pris ma douche et me suis habillée en 5 minutes, et je suis sortie. Je vais tout dynamiter. C'est un grand champ d'explosions dans mon ventre, un crash test de bonheur qui me monte jusqu'aux yeux. La musique dans les oreilles, je peux tout affronter. Le train était vide, il était à moi. Je me sens heureuse, gonflée de bonheur, juste parce qu'il fait beau et que je suis seule, et je marche avec de la musique et des chaussures jaunes dans la rue. Je connais personne, je peux sans doute en rencontrer. Ca tient à peu de choses finalement. C'était une journée magnifique, ensoleillée. Un vendredi parfait. Il aurait été dommage d'aller s'enfermer en cours.
Le petit théatre de la vie.
Pour moi le monde est un théâtre. Y jouer, c'est vivre. Il y en a qui ne sont pas très doués. Personnellement, je trouve que j'excelle à ce niveau. Jouer, c'est mon truc. J'aime cette idée de relation avec un public, qui te regarde, au milieu duquel tu évolues. Le public est extrêmement naïf : on peut lui faire croire toutes sortes de choses. Seulement parfois la vie vous dépasse, et l'improvisation devient telle que l'on perd le vrai fil du jeu. Quand j'arrive plus à jouer, je m'enferme. Mon vrai problème, c'est le mensonge. J'avais pas compris ça, que jouer, c'était mentir. Et tous mes mensonges, accumulés au fil du temps, ont fait une grosse boule très noire et m'est revenue dans le ventre, m'a claqué les deux joues et m'a empêché d'ouvrir la bouche. Il n'y avait pas de coulisses, pas de trappe, pas de loges pour se réfugier. Aucun endroit ou je pouvais être vraie. On m'avait découverte, j'avais l'impression d'être à poil sur scène. J'avais plus tellement envie de remonter sur les planches, non, j'avais peur de me fracasser la gueule. Mais finalement, se mettre à nu, ça fait partie du jeu. Si t'oses pas le faire, t'oses pas jouer. Alors tant pis moi j'vais continuer.
Vertige
Je l'ai encore eue. Cette sensation. Cette sensation d'accéléré qui me plonge dans le vide. Je suis allongée, et je regarde le plafond, à 1 mètre de moi. Puis tout va très vite ; je m'imagine me lever ou me retourner, et je vois l'action se faire, à une vitesse effrayante. Tout tourne, le temps me parait déréglé. Il s'étire, accélère, file et je n'arrive qu'à évoluer lentement. C'est ça mon problème. Le temps n'en fait qu'à sa tête, et l'espace s'y met aussi ; il s'étire en me prenant comme point de fuite, et c'est un immense quadrillage qui se déploie. Et moi le point de fuite, je ne peux pas bouger. Comment je pourrais me mouvoir dans un endroit où il n'y a ni temps ni espace ? La dénomination même d' "endroit" est déplacée. Je suis témoin du dérèglement de mon monde.
Ca m'est déjà arrivé deux fois par le passé. Quand j'avais 10 ans et quand j'avais 12 ans. Mais je n'en avais jamais eu d'autres. Seulement là, c'est la troisième fois en deux semaines.
J'ai l'impression d'assister à un bug complet de mon environnement, comme pour m'annoncer, tu vois maryne, tu vois ta vie qui déconne totalement.
Ce n'est peut être qu'une hallucination qui arrive couramment à plusieurs personnes.
Peut être que je mange pas assez d'épinards.
J'en sais rien.
Mais c'est un sentiment tellement étrange, différent de tout ce que j'ai vécu..
Ou peut être que je rêve trop aussi.
Cours abrutie #1
Je cours. Je cours et j'en peux plus. Mes cheveux volent, mon bonnet s'envole, je le rattrape et je cours. Je cours pour un garçon. Après un garçon. Vous allez me dire, mais t'es stupide. Seulement oui mais j'arrive pas à m'arrêter. Parce que ce garçon, dans quelques heures, il sera parti. Et c'est toute mon année qui s'envole avec lui. Alors je cours. On a ri, on a pleuré, je le déteste, je l'aime, il me fait peur, me rassure, ce garçon c'est mon éventail d'émotions. On m'a dit, mais arrête de te faire du mal, c'est un garçon, les garçons c'est méchant, faut pas s'y accrocher. Mais comment je pourrais m'y accrocher, si il s'envole, je n'arriverai peut être même pas à le rattraper. C'est comme mon bonnet, sauf que mon bonnet, il est sur ma tête. Lui, il est dans ma tête. Alors je continue à courir. J'ai sa lettre dans la poche, ses mots collés sur mes fesses, dans la poche de mon pantalon. Je sais même pas pourquoi je cours, il va pas annuler son avion, mais je continue. Merde, merde, je veux pas que tu partes, je dis tout haut, je pleure parce que j'ai mal aux poumons et au coeur. Poumons trop vide et coeur trop plein de chagrin. Je m'effondre sur un banc, les gens me regardent bizarrement. J'ai envie de crier, jamais ça vous est arrivé ? J'observe mes écouteurs qui trainent hors de ma poche, je les mets. C'est comme enfiler des chaussures neuves, ou des ailes nickel. Je me relève et je cours. Je sais que c'est stupide.
Mais au fond, j'ai toujours été stupide.
Discothèque
La plupart des gens que je connais sont des gens très respectables, que j'estime et blablabla. Seulement dans mon entourage féminin, un grand nombre de personnes, à la question "tu fais quoi ce week-end ?" me répondent "Oh ben je me ferais bien une boite".
Moi aussi, de cookies à la noix de coco, ahahah.
Ca ne les fait pas rire.
Les discothèques, avant d'y aller pour la première fois à 14 ans, je disais "Woha, comment ça doit être trop cool, tout le monde danse, trop la teuf".
J'aime bien danser. Mais il faut avoir soit beaucoup de copines, copains, soit beaucoup de shooters dans la gueule, pour bien aimer danser en boite.
bref interlude ; j'aime bien Soko. En concert c'est très sympa. Enfin j'pense.
1.La populace.
Les vieux de 40 ans, les mecs désespérés, les putes à frange, les tecktonik, les je-danse-trop-mal.. nous avons affaire à du lourd, du très lourd.
2.La musique.
Rihanna, Bob Sinclar, Yves Larock, l'incontournable Mondoteck, Rihanna (tiens.. encore ?) Superbus (ah merde..) et autres David Guetta. En meme temps, c'est d'la boite de night, c'est rigolu.
3.La fille qui plombe.
Après avoir gentiment giflé un individu du double de mon âge, je suis allée chercher une vodka caramel au prix très raisonnable (6euros ? Autant pour moi) au bar. Surtout que j'aime pas la vodka caramel, le caramel c'est dégueulasse, mais je savais pas combien ça coutait le gin tonic, et la fille devant moi avait demandé un shooter. Point. et là je vois une blonde qui danse sur le podium. Moche, avec un haut Guess sans bretelles moche, des bottes à 10 euros acheté au magasin de Rennes où ils vendent des bottes à 10 euros, et qui n'arrête pas de regarder le bar - le barman - en prenant des poses tout droit tirées d'un livre indien célèbre.
Et là. Je me suis avancée. Je l'ai hélée et elle est descendue. J'ai commencé à jouer, en la complimentant, "putain mais tu danses trop bien sisi", elle m'a dit, tu trouves, non mais je prends des cours de danse moderne. Elle m'a dit,"woaw, t'as marché sur la Lune ou quoi ?" en éclatant de rire. Ahahah, on ne me l'avait pas faite dis donc, des Converse argentées. Je sais pas danser avec des talons je lui fais. Puis je lui dis, très naturellement : "Ton haut Guess, il est vraiment super. Enfin, ce serait mieux si il était sur tes seins plutôt qu'en dessous. C'est pas que ton soutien gorge est moche, mais si, un peu. Je parie que tes parents ne savent même pas que t'es là. T'as du dire, je dors chez ma copine Ophélie maman, et ta maman t'a dit oké chérie, t'as pris ton maquillage, hurlé dans la chambre d'Ophélie en disant, ouais trop cool la boite, et là tu tords du cul en espérant galocher un mec, et le raconter à tes copines pendant que vous révisez le brevet. Non vraiment, ton haut est super." J'ai avalé mon shooter, je lui ai sourit et je suis partie. J'ai croisé Baptiste, il m'a crié un truc du genre qu'il se faisait chier, et on est allés sur la terrasse.
Je n'ai pas recroisé la fille, je sais pas si elle m'a entendue, mais putin.. qu'est ce que ça fait du bien.
Concert #1
Les transmusicales est un festival se déroulant à Rennes et c'est en quelque sorte un tremplin pour de nombreux artistes. Ils ont fait connaitre, entre autres les Daft Punk.. Ca commence à dater, mais c'était vraiment incroyable.. moi le 7 décembre, quand tout le monde se dirigeait tranquillement vers son car, j'ai sprinté ma vie pour passer chercher mon sac de couchage avant de prendre le train.
Quand certains révisaient pour la dernière semaine d'exams, j'étais dans un bar, avec Cocoon. Le lendemain, quand beaucoup d'autres se faisaient beau pour sortir en boite, j'ai décollé vers le parc expo pour passer une des nuits les plus énormes de cette fin d'année.. Ce que j'ai pris doit y être pour beaucoup, mais l'ambiance est vraiment exceptionnelle. Boys Noize Dan Deacon Modeselektor Simian Mobile Disco Yo Majesty Jamika et j'en passe.. Le truc bien, aux transmusicales, c'est que c'est vraiment irréel.
Je me souviens de cette nuit comme dans un rêve, avec sleep deprivation en fond sonore. Immersion dans la foule, danse, danse, les tables de mixage, marcher, s'assoir, dormir, les douches de champagne, croiser du monde, oublier, revenir, rouler, big mac écrasé dans le sac, voler un pull, traverser la foule en te tenant la main, suivre ton dos et rentrer en bus, marcher a sainte Anne à 5 heures et dormir.
Au retour des cours, la réalité parait bien fade.. Encore un peu partie, j'écoutais mollement le professeur de français, nous parler du mort qu'il y a eu à Rennes, à l'occasion d'un concert "de sauvages". Une si belle nuit.. Appelez nous sauvages si vous le voulez, on aura au moins rêvé..
Un extrait de concert pour te donner une idée
Amour #1
"l'amour
c'est un concept, on ne l'est qu'une fois".
Moi, je suis tombée
amoureuse plein de fois. Amoureuse du héros de mon livre préféré, du
petit garçon du dessin animé, celui qu'a le chien, d'un visage sur une
photo, d'un inconnu croisé dans le train, dans la rue ou sur un
télésiège, d'un gars trop moche, mais à cause de son rire, ou de sa
mèche de cheveux. On dit "tomber amoureux" parce que, quand ça arrive,
on a l'impression de chuter dans le néant. Ca coupe le souffle et
soulève le ventre, comme quand j'ai sauté en parachute. Après on dit
"oui mais toi, tu sais pas ce que c'est l'amour". Et toi, tu le sais
comment ? Et ça dure combien de temps ? Toute une vie, j'y crois pas.
Moi j'ai déjà été amoureuse pendant 45 secondes. Sans m'y attendre, et
le vrai amour, enfin ce que je crois être le vrai amour. Dans la rue.
45, je le sais parce que j'écoutais de la musique à ce moment là. Il a
levé les yeux, il m'a regardé, a détourné les yeux, m'a regardé à
nouveau. Papillons, volez mes amis, dans le ciel infini de mon corps,
propulsés par les battements de mon coeur.. J'suis tombée.
Peut être que lui aussi. Peut être qu'il me trouvait jolie, ou
spéciale. Peut être que j'avais du chocolat sur le menton, vestige pas
très élégant de mon beignet. Je me suis levée et je suis repartie,
parce que j'allais louper mon train. Adieu papillons, bonjour paysage
qui défile et m'emporte loin de vous, et loin de lui.. Adieu l'amour
aussi. C'était passager. Je ne pourrais même pas reconnaitre la
personne que j'avais vue ce jour là. C'est pas important. Mais quand je
réécoute cette musique, je rejoins mon souvenir.. Merci l'inconnu...
Je ne parle de moi qu'ici.
Il faut que je vous dise, je ne suis pas normale. Enfin, j'aime pas cette expression ; "il faut que je". C'est pas vrai, je suis pas obligée, mais j'ai envie. Voila, ça serait plus correct de dire : J'ai envie de vous dire que je ne suis pas normale. La normalité, la différence, ça fait débat sur tous les blogs adolescents. Tout le monde veut être différent, et c'est ce qui rend tout le monde si normal. Seulement moi, je le suis pas. La preuve ? J'aime pas le chocolat.